Livres – Sorties du mois de novembre 2024
Le livre des départs de Velibor Čolić
Inspiré par son propre exil, Velibor Čolić transpose la vie d’un réfugié politique dans Le livre des départs, décrivant à la première personne la condition déracinée des immigrés et le pèlerinage désespéré de ceux qui ne trouveront jamais vraiment leur foyer. Fuyant la guerre en Yougoslavie, Velibor Čolić débarque en France et entame un second combat : tenter de retrouver son identité en apprenant une nouvelle langue et en se reconstruisant à partir de là. Originellement écrit en français et publié par la prestigieuse maison d’édition Gallimard, Le livre des départs surprend par sa liberté narrative jazzy, chaque fragment proposant une improvisation sur un moment important de son parcours de réfugié en passe de devenir écrivain. Encadré par l’argot des quartiers qu’il traverse et des réflexions marquées par la consommation parfois excessive d’alcool, The Book of Farewells offre au lecteur un véritable hommage à la littérature dans ce qu’elle a de plus cristallin. Et derrière les sarcasmes et les malheurs du hasard, on trouve un homme plein d’espoir, prêt à partager son histoire.
Inyenzi ou les cafards de Scholastique Mukasonga
Lorsqu’une femme tutsie apprend qu’elle va devenir mère, l’angoisse l’emporte sur le bonheur : elle sait que par la forme de son nez, l’aspect de ses cheveux, son lieu de naissance, ce bébé sera destiné à devenir, aux yeux de son pays, un Inyenzi – un cafard. C’est le nom donné aux Tutsis du Rwanda pendant des décennies et c’est avec l’argument que ce peuple n’était rien d’autre qu’un insecte méprisable que la violence s’est progressivement libérée, jusqu’en 1994, où en une centaine de jours, près d’un million de personnes ont été sauvagement assassinées. Parmi elles, la quasi-totalité de la famille de Scholastique Mukasonga. Des années plus tard, en France, Mukasonga se retrouve entourée de fantômes qui la poussent à écrire, à sauver de l’effacement l’histoire de ceux qui ne peuvent plus la raconter et à témoigner de ce que c’était que de grandir constamment entre la peur et l’affection extrêmes. Inyenzi ou les cafrads est un document dur et déchirant, une lettre d’amour pleine de blessures impossibles à guérir, une mémoire personnelle qui doit être affrontée collectivement.